Dans les rues de Chicago, un ancien viaduc ferroviaire de 4 kilomètres s’est mué en un ruban végétal suspendu, où promeneurs, familles et joggeurs redécouvrent la ville à hauteur d’arbres. Baptisé The 606, ce parc linéaire est bien plus qu’un simple sentier : c’est une transformation urbaine réussie, sociale, douce et inclusive .http://www.the606.org

Inspiré de la célèbre High Line new-yorkaise, The 606 en reprend l’audace mais en propose une version plus populaire, plus familiale, plus accessible. Son sol continu et plat le rend parfaitement adapté aux personnes à mobilité réduite, aux poussettes, aux vélos via des rampes d’accès. Sa largeur maîtrisée sécurise les déplacements tout en évitant les conflits d’usages. La végétation y est volontairement simple, robuste, peu exigeante. L’ensemble ne nécessite pas une gestion lourde mais une attention régulière, de proximité. Le résultat ? Un espace public vivant, ouvert, sécurisant, où la ville offre un autre visage.

Et si Charleroi osait son propre 606 ?

Dans une ville en pleine mutation comme Charleroi, où les friches, les coupures urbaines et les territoires oubliés ne manquent pas, The 606 offrirait une piste précieuse. Non pas un modèle à copier, mais une stratégie à adapter. Il montre qu’un geste sobre, bien pensé, peut réconcilier les quartiers, revaloriser les tissus urbains, offrir un cadre de vie apaisé, requalifier des espaces délaissés et transformer nos chancres industriels . Ce type d’infrastructure n’est pas un luxe, c’est une nécessité dans un monde post-industriel où le vivre-ensemble devient une urgence.

Une invitation à penser autrement l’espace public

Ce qui frappe dans The 606, c’est la simplicité du dispositif. Pas d’architecture spectaculaire, pas d’effets de manche. Juste une promenade continue, ponctuée de bancs, de fleurs et d’arbres. Une infrastructure qui rassure les familles, qui incite les enfants à sortir, qui autorise la course à pied sans danger (sol adapté aux coureurs). Bref, un projet pour le bien-être de ses habitants.

À Charleroi comme ailleurs, il est temps de sortir des schémas lourds, des aménagements coûteux, des “espaces verts” conçus comme des objets figés. Il est temps de penser la ville en mouvement, de faire des lignes invisibles de notre géographie des leviers d’un urbanisme sensible. Le Centre du Paysage est convaincu que de tels projets, s’ils sont portés avec intelligence, dialogue et modestie, peuvent devenir les épines dorsales d’un renouveau urbain.

Créer le lien, tracer l’avenir

Un 606 carolorégien ne serait pas une simple promenade. Ce serait un geste politique, un projet fédérateur, une manière d’écrire l’avenir de la ville avec ses habitants. Une réponse concrète aux attentes d’un espace public sûr, fluide, beau et accessible à tous.

L’enjeu n’est pas esthétique, il est social. Ce n’est pas un caprice d’urbaniste, c’est une exigence citoyenne. Et c’est maintenant qu’il faut agir.